Tous protagonistes

Il y a quelques semaines Swami a écrit une phrase qui, j'en suis sûr, aura paru un peu « sévère » à certains:

« On dit que la vie est une illusion... L'unique illusion en réalité est dans ta tête, si tu penses que les gens se préoccupent un peu pour toi, ou si tu crois à la fidélité humaine. 
Tous font leur possible pour nourrir leurs intérêts et pour gonfler leur propre rôle de protagonistes...
Si par hasard t'aider les fait se sentir vivants, alors tu as quelque espoir.
Si ta cause les fait se sentir importants, peut-être te suivent-ils... mais par amour de la vérité peu de personnes se sacrifient vraiment. »
                                                           (Swami Roberto)
Devant le mot « Tous », que Swami utilise en se référant à ceux qui « font leur possible pour nourrir leurs intérêts et pour gonfler leur propre rôle de protagonistes... »... certains auront pensé que cette expression contredit l'expérience, difficile mais non impossible, de rencontrer des personnes qui dépensent leur vie pour les autres.
En réalité... l'apparente contradiction s'évanouit immédiatement si, au lieu de lire ce « tous » comme s'il n'était qu'un « doigt » pointé vers les autres, on le considère comme une vue d'ensemble qui évidemment comprend aussi chacun de nous, qui sommes donc appelés à nous rendre compte d'une évidence « solaire » :

Vérité très ancienne, mais non encore comprise par tous. Il me vient à l'esprit
ce verset de l'Écriture: « Il n'y a pas de juste, pas même un seul » (Rm 3,10)

Toutes les personnes de la terre font partie, quoiqu'on en dise, de la barque très humaine des égoïstes et des pécheurs... comme le rappelait aussi, d’ailleurs, ce commentaire opportun pour la phrase susdite tirée de « photos by Swami »

Pensant au contraire à ceux qui se sentent « exclus » de cette barque, parce qu'ils sont convaincus de faire le bien sans rien demander en échange, me viennent en tête le publicain et le pharisien de la parabole de Luc (Lc.18,9-14), tous les deux dans le Temple en train de prier, l'un au premier rang à se complaire dans sa rectitude... l'autre au fond à regretter ses propres erreurs et limites... et à s'en repentir.
Comme vous le savez, c'est justement ce dernier qui est rentré chez lui justifié, conscient de ses propres erreurs, et donc « désinfecté » de ce pêché d'orgueil qui au contraire... irrémédiablement... tenaille celui qui se croit en ordre avec sa propre conscience et donc, « en élargissant » le concept, celui aussi qui « se croit en dehors » du « tous » dont nous parle Swami.
Sous cet angle, le message de sa phrase arrive donc fort et clair : l'ego de chaque personne est démesurément dangereux aussi, et surtout, quand il sait très bien se cacher... par exemple derrière le bien que beaucoup font par « amour d'eux-mêmes »... et qu'au contraire peu font « par amour de la vérité », comme le dit Swami.

Ces « spécimens rares » savent conserver la « perle » de l'humilité  dans leur « désir » humain d’être protagonistes... désir qui est naturellement présent aussi chez celui qui fait le bien... et ainsi ils restituent au fait de « dé-sirer » sa nature la plus noble, celle de « fixer les étoiles » de Dieu (de « sidera » qui en latin signifie « étoiles »)... et non les futiles « étoiles filantes » de l'amour-propre terrestre.
Au fond, comme nous le rappelle souvent Swami, afin d'éviter d’être des « zombies », notre intérêt premier doit être justement celui-ci : devenir protagonistes... oui... mais au service de la Charité, avec la conscience de n'avoir pas de mérites... mais plutôt des limites à dépasser. Amen.




Étape suivante : L'Au-delà... dans l'en deçà 

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