« Il y a des personnes qui embrassent une foi religieuse parce qu’elles désirent construire une vie digne pour elles-mêmes et pour les autres. Certains au contraire utilisent la religion pour construire l’enfer sur terre. »(Swami Roberto)
Ces paroles de Swami me poussent aujourd'hui à m'occuper un peu de l'enfer (du latin « infernus », c'est-à-dire « qui est en bas ») un mot qui... même sans apparaître dans les Évangiles… joue un rôle de premier plan dans les pensées d'un grand nombre de chrétiens.
Pour remonter aux racines bibliques du sujet, il faut partir de la parole hébraïque sheol, initialement comprise comme le lieu souterrain où allaient les « ombres » des défunts... qu'ils soient bons ou méchants... et qui par la suite a évolué pour indiquer le lieu destiné aux pécheurs privés de la présence de Dieu... par opposition au paradis des justes, qui bénéficiaient de la communion bienheureuse avec le Père Éternel.
Dans les Synoptiques la référence à la Geenna est utilisée pour représenter le sort de la personne qui se « consume » à cause de son éloignement de Dieu, tandis que quelques siècles plus tard... pour des raisons que chacun peut « explorer » de façon autonome... dans la tradition chrétienne fut élaboré l'idée d'un lieu spécifique nommé enfer, dans lequel les damnés auraient dû aller pour expier leurs fautes par un ardent châtiment éternel.
Devant cette « évolution » de pensée il me vient une question spontanée : qu'est-ce que l'idée d'un Dieu qui condamne définitivement les pécheurs à l'enfer, a à voir avec le message exprimé par Jésus sur la croix « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font » (Lc.23,34)... ou aussi avec Sa réponse à qui Lui demandait combien de fois il aurait dû pardonner à son frère : « jusqu'à 70 fois 7 fois »(Mt.18,22)... c'est-à-dire une mesure qui est une infinie démesure ?
Comment est-il possible que le fait de pardonner sans compter, à outrance enseigné aux disciples de Christ, ne soit pas pratiqué en premier justement par le Père Miséricordieux ?
En réalité... puisque la nature de Dieu est l'Amour Éternel, la question-enfer ne dépend pas de Lui, mais plutôt de la liberté de l’être humain qui, hélas, connaît différents façons de construire « l'enfer sur la terre », y compris celui... rappelé par Swami... qui est réalisé par les intégristes violents capables d'instrumentaliser Dieu et la religion pour les asservir à leur mesquinerie.
« Nous sommes en enfer... et il est juste d'y venir pour comprendre profondément si nous voulons être Amour ou non-amour, vrais ou non-vrais.
Car c'est seulement dans un monde d’argent, de violence, de manigances, de saloperies de toutes sortes... que tu peux vraiment CHOISIR si tu veux la Vérité de Dieu... ou si tu préfères le mensonge du monde. »
(Swami Roberto)
Cette constatation... c'est-à-dire que l'enfer se trouve justement ici sur la terre où nous vivons... se heurte à l'éducation religieuse reçue par des générations entières de chrétiens, habitués à avoir affaire à la force de dissuasion d'un enfer futur qui justifie les renoncements et les pénitences à affronter pendant la vie, pour ne pas y finir après la mort.
Conditionnés par cet « imprinting », la plupart des personnes ne sont même pas effleurées par la pensée que, au contraire, même les pages évangéliques célèbres des tentations de Christ (Mt.4,8-9) montrent une réalité bien différente.
En effet il ne faut pas être des exégètes pour se rendre compte que, si satan a l'autorité d'offrir au vrai-homme et vrai-Dieu Jésus les règnes de la terre, alors c'est justement la terre qui se révèle être sa maison infernale, dans laquelle il cherche à pousser les êtres humains à orienter leur liberté non vers la « Vérité de Dieu », mais plutôt... comme dit Swami... « vers le mensonge du monde ».
En substance... c'est seulement en nous que s'établit la distance entre le « dépotoir » de la Geenna et le « jardin » du Paradis (terme dérivé du persan Pairidaêa, traduit aussi en hébreu par gan eden, c'est-à-dire « lieu de délices »), donc... se jeter en enfer ne signifie pas aller qui sait où dans un coin brûlant de l'univers, mais plutôt s'isoler de Dieu en refusant son Amour.
L’enfer est l’angoisse de la solitude que tu as voulue.
Ne te rebelle pas contre Dieu, mais redécouvre plutôt qui tu es vraiment.
Utilise les armes invincibles du Discernement et du Détachement.
Parmi tous les êtres vivants, toi seul, homme, tu as reçu de Dieu le don immense de ces deux alliés, sans lesquels il te serait impossible de connaître le Seigneur et ta véritable Essence.
Ne reste pas dans la solitude, mais emploie ces facultés que Dieu t’a confiées pour vaincre ton enfer. »
(Swami Roberto)
Eh bien oui... bien loin d’être ce distributeur de récompenses et de punitions dépeint par ceux qui, en L'imaginant ainsi, ne font pas autre chose que de L'humaniser... Dieu est au contraire l'Amour parfait qui respecte même la décision malheureuse de ceux qui s'obstinent à ne pas rien vouloir savoir de se faire aimer par Lui, en s'excluant eux-mêmes du Plan divin sur la terre.
Dans cette perspective, enfer et paradis deviennent ainsi les conséquences karmiques de nos propres choix, comme par exemple celui fait par le « bon » larron sur le Calvaire qui, quand il décide finalement d'entrer en communion avec le Christ et Lui dit « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras régner », reçoit la réponse « je te le dis en vérité, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis » (Lc.23,43). Son choix détermine pour lui la transformation de ce lieu de mort en une source de vie éternelle.
En fait, la même chose peut arriver à tous ceux qui... en se réconciliant pleinement avec la nature divine de leur propre Soi... n'auront plus besoin de renaître dans cette dimension parce que dès cette incarnation actuelle, ils auront appris à porter le paradis dans leur vie et, par réflexion, aussi dans la vie des autres.
C'est le seul moyen de se soustraire à la condition infernale dans laquelle, hélas, beaucoup se trouvent, en restituant à leur propre existence cette plénitude spirituelle qui est l'unique manière d'honorer le don Sacré et inviolable de la vie, et de commencer à la vivre dans toute sa divine beauté.
« Quand nous écoutons quelqu'un nous dire avec sincérité : "Compte sur moi", le paradis descend sur la terre. »
(Swami Roberto)
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